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Page:Mémoires du Baron de Marbot - tome 1.djvu/323

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DÉROUTE COMPLÈTE DES PRUSSIENS.

nombreuses de la cavalerie et, non contentes de cela, marchèrent en avant avec une telle résolution, que les Prussiens reculèrent sur tous les points, laissant le terrain couvert de cadavres et de blessés. Le prince de Brunswick et le général Schmettau furent tués, le maréchal Mollendorf grièvement blessé et fait prisonnier. Le roi de Prusse et ses troupes exécutèrent d’abord leur retraite en assez bon ordre sur Weimar, espérant s’y rallier derrière le corps du prince de Hohenlohe et du général Ruchel qu’ils supposaient vainqueurs, tandis que ceux-ci, vaincus par Napoléon, allaient de leur côté chercher un appui auprès des troupes que dirigeait le Roi. Ces deux énormes masses de soldats vaincus et démoralisés s’étant rencontrées sur la route d’Erfurt, il suffit de l’apparition de quelques régiments français pour les jeter dans la plus grande confusion. La déroute fut complète !… Ainsi fut punie la jactance des officiers prussiens. Les résultats de cette victoire furent incalculables et nous rendirent maîtres de presque toute la Prusse.

L’Empereur témoigna sa haute satisfaction au maréchal Davout, ainsi qu’aux divisions Morand, Friant et Gudin, par un ordre du jour qui fut lu à toutes les compagnies et même dans toutes les ambulances des blessés. L’année suivante, Napoléon nomma Davout duc d’Auerstædt, bien qu’il se fût moins battu dans ce village que dans celui de Hassenhausen ; mais le roi de Prusse avait eu son quartier général à Auerstædt, et les ennemis en avaient donné le nom à la bataille que les Français nomment Iéna. L’armée s’attendait à voir Bernadotte sévèrement puni, mais il en fut quitte pour une verte réprimande, l’Empereur craignant d’affliger son frère Joseph, dont Bernadotte avait épousé la belle-sœur, Mlle Clary. Nous verrons plus tard comment l’attitude