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Page:Mémoires du Baron de Marbot - tome 1.djvu/76

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MÉMOIRES DU GÉNÉRAL DE MARBOT.

drôles en eussent fait venir une si grande quantité, et demandassent tant de bouteilles de vins fins !… »

Après avoir passé la nuit à Aix, nous partîmes pour nous rendre à Nice. C’était notre dernière journée de poste ; nous traversions la montagne et la belle forêt de l’Esterel, lorsque nous rencontrâmes le chef de brigade (ou colonel) du 1er de housards qui, escorté d’un officier et de plusieurs cavaliers conduisant des chevaux éclopés, revenait de l’armée, et se rendait au dépôt de Puy en Velay. Ce colonel se nommait M. Picart ; on lui laissait son régiment en raison de ses qualités d’administrateur, et on l’envoyait souvent au dépôt pour y faire équiper des hommes et des chevaux, qu’il expédiait ensuite aux escadrons de guerre, où il paraissait très rarement et restait fort peu. En apercevant M. Picart, mon père fit arrêter sa voiture, mit pied à terre, et après m’avoir présenté à mon colonel, il le tira à part pour le prier de lui indiquer un sous-officier sage et bien élevé dont il pût faire mon mentor. Le colonel indiqua le maréchal des logis Pertelay. Mon père fit prendre le nom de ce sous-officier, et nous continuâmes notre route jusqu’à Nice, où nous trouvâmes le commandant R*** établi dans un excellent hôtel avec nos équipages et nos chevaux en très bon état.