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Page:Mémoires du maréchal Joffre (1910-1917) T.1.pdf/445

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CHAPITRE VI


La campagne d'automne. — La stabilisation du front occidental.


Le 14 septembre, les armées signalèrent que l'ennemi commençait à faire tête sur un front jalonné par les hauteurs au nord de l'Aisne, celles qui dominent Reims au nord et au nord-est et par une ligne passant par Saint-Hilaire, Souain, Ville-sur-Tourbe, et Vienne-la-Ville.

Le lendemain, la résistance des Allemands s'accentua. La 6e armée, dont la progression était essentielle pour contraindre nos adversaires à poursuivre leur retraite, se trouva arrêtée sur tout son front ; fait plus grave, sa gauche (4e corps d'armée et 37e division) se trouva engagée sur un terrain difficile dans une lutte confuse qui, le soir, nous laissait étroitement au contact de l'ennemi, tandis qu'une division du 13e corps qui venait de débarquer, remontait la rive droite de l'Oise, en direction de Noyon.

Ce jour-là, j'eus l'impression très nette que les Allemands allaient accepter une nouvelle bataille sur la ligne où ils venaient d'accrocher leur résistance. Dans mon esprit, il ne pouvait être question d'entamer une action générale qui nous eût coûté beaucoup de pertes et aurait épuisé toutes nos munitions. Mon intention était, tout en observant une attitude agressive qui tiendrait l'ennemi sous la menace constante d'une attaque générale et l'empêcherait de prélever des forces au profit de son aile droite, d'accentuer au moyen d'unités que je retirerais de mes armées du centre et de droite, une puissante action de ma gauche contre la droite allemande[1].

  1. Instruction particulière n°29 du 17 septembre.