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ÉROS.

t. De sacra poesi Grwcorum, eap. m, p. 3G

t. Hermès Trismcgislo, livre II, page Ili.

indique une même origine. Les figures ailées sont très-communes dans les monuments de l’art étrusque; les plus caractérisées paraissent répon- dre aux Kères et aux Érinnyes. Il n’y a rien dans tout cela qui ait pu fournir un seul trait à la physionomie artistique de l’Amour. Dans les monuments de l’art grec, les ailes peuvent être considérées ° comme l’attribut spécial de deux divinités, l’Amour et la Victoire, quoi- qu’on les trouve aussi dans les représentations assez rares de quelques types secondaires, comme les Vents, les Euménides, etc. Parmi les grands Dieux, Hermès est souvent représenté avec des ailes, mais, au lieu de les porter aux épaules, il les porte à la tête et aux pieds; plus souvent encore ces ailes sont attachées à son chapeau et à ses chaus- sures elles expriment la rapidité du crépuscule, qui est la manifestation visible d’Hermès. En pénétrant plus profondément dans la conception théologique de ce Dieu, je crois y trouver la véritable origine du symbole complexe de l’amour, le lieu qui le rattache à l’idée de la mort et l’ex- plication du type mystérieux de l’Hermaphrodite.

J’ai démontré le premier, par l’étude de l’llymne homérique à Ilermès, qu’il est, dans sa révélation primitive^ le crépuscule du matin et du soir Mais ce caractère physique n’est que l’expression la plus simple du principe général de transition et de transaction dont Hermès est le symbole, et dont les aspects multiples se rattachent les uns aux autres par une association d’idées très-familière à la théologie hellé- nique. Hermès répond à la fois au Terminus et au Mercurius des Latins; il est l’intermédiaire universel entre le ciel et la terre, entre le jour et la nuit, entre la vie et la mort, entre les mâles et les femelles, le grand interprète, la Parole divine, le Dieu des sacrifices, des traités, des échan- ges, des routes, des places publiques, des gymnases.

Ce caractère de lien universel, dans la nature et dans la société, per- met de rapprocher d’Hermès le Dieu que les Grecs appellent Éros et les Latins Cupido, mots que nous traduisons par l’Amour, et qui seraient peut-être mieux traduits par le Désir. L’assimilation d’Hermès et d’Éros n’est indiquée, du moins à ma connaissance, que dans un passage des livres hermétiques 2, mais leurs affinités théologiques sont exprimées sous une autre forme par plusieurs généalogies qui font d’Éros un fils d’Hermès. Les théogonies servent à traduire les relations des lois natu- relles ainsi on donne ordinairement Aphroditè pour mère à Éros, parce que la beauté enfante le désir. Aphroditè représente le Féminin éternel dans sa plus haute généralité comme Hermès, elle préside à l’union des