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euforion

Et l’incarnation de la sainte Beauté
Dans le marbre sculpté ;
Les frontons blancs, les Dieus souriants et sans hombre,
La vie eureuse et libre, et les baisers dans l’ombre.
J’entends vibrer dans l’air
come un éco lointain de chansons oubliées,
Et frissoner au vent les tresses déliées
Des nimfes de la mer.

Pendant les longues nuits, au fond des catédrales,
A genous sur les dales,
J’ai mèlé ma prière et mes pleurs aus soupirs
Des saints et des martirs ;
Puis j’ai voulu chercher, dans d’austères études,
L’arbre de la science, au fond des solitudes
Où Dieu l’avait planté ;
Et j’ai suivi les pas de la falange ardente
Qi voulait conqérir sur l’arène sanglante
La sainte liberté.

Toujours devant mes ieus, come devant les mages,
De radieus mirages
Brillaient, et je suivais l’astre qi m’avait lui.
Mais en vain aujourdui,
Dans un vague lointain j’entends chanter les brises :
Les Édens d’Orient et les tères promises
Ne m’atireront plus.
Si je priais encore, à Dieu, qe je renie,
Je ne demanderais, ô jeunesse bénie !
Q’un seul des jours perdus.

Puisqe mes Dieus sont morts, q’au vent de ma pensée
Leur cendre est dispersée,
Dormons du lourd someil, q’en son goufre béant
Nous garde le néant.

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