Page:Ménard - Poèmes et Rèveries d’un paien mistique, 1895.djvu/308

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ICARE.


 
J’ai souvent répété les paroles des sages,
Qe tout bonheur umain se paye et q’il vaut mieus,
Libre et fort, dans la pais immobile des Dieus,
Voir la vie à ses pieds, du bord calme des plages.

Mais maintenant, l’abîme a fasciné mes ieus ;
Je voudrais, comme Icare, au-dessus des nuages,
Vers la zone de flàme où germent les orages
M’élancer, et mourir qand j’aurai vu les cieus.

Je sais, je sais déjà tout ce qe vous me dites,
Mais la vision sainte est là ; je veus saisir
Mon rève et, sous le ciel embrasé du désir,

Braver la soif ardente et les fièvres maudites
Et les remords sans fin, pour ce bonheur d’un jour,
Le divin, l’infini, l’insaciable amour.