Page:Ménard - Poëmes, 1863.djvu/240

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Tantôt tu lasseras tes ailes déployées,
Tournoyant à travers l’immensité du ciel
Dans le vide éternel,
Et tantôt tu suivras des routes dépouillées
Pour vaincre, en un combat sans cesse renaisssant,
Un adversaire absent.

Tu poursuivras en vain ton long pèlerinage ;
Tes genoux s’useront sans trouver jusqu’au soir
Un abri pour t’asseoir.
Tu vogueras sans but sur des mers sans rivage,
Où nul astre ne brille à travers l’air voilé
Dans le ciel dépeuplé.

Comme sur la montagne, avant sa mort, Moïse
Vit les champs réservés à sa postérité,
Qui n’avait pas douté,
Le fantôme rêvé d’une terre promise
Fascine tes regards ; mais tu ne la verras
Qu’au jour où tu mourras.