Page:Ménard - Poëmes, 1863.djvu/55

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Mais les rochers sacrés de Delphes, la divine,
Sur les ailes des vents m’ont renvoyé ces mots :
« O mortel ! que ton front se prosterne et s’incline ;
Nul n’est pur.devant moi : supporte donc tes maux.

Peut-être qu’en offrant chaque jour des victimes,
Ma colère à la fin se laissera fléchir ;
Mais ne demande pas, mortel, quels sont tes crimes :
Ton crime fut de naître : il faut vivre et souffrir. »

Et mes sages m’ont dit : « Tes plaintes seraient vaines,
Tes maux n’ont dans les cieux ni juge ni témoin.
Marche, et porte le poids des misères humaines,
Notre voix est si faible, et le ciel est si loin ! »

Alors, des fleurs d’un jour je couronnai ma tète ;
Au milieu de l’orgie, en l’honneur des grands dieux,
Le sang de mes taureaux coula dans chaque fête,
Et, modérant ainsi leur fureur inquiète,
J’invitai les dieux même à partager mes jeux.