Page:Mérejkowsky, Hippius, Philosophoff - Le Tsar et la Révolution, 1907.djvu/17

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extrêmes est tout de même étatiste — une dépendance servile de chacun à tous, et des personnalités à des lois économiques nécessaires. Mais où est donc cette suprême liberté par laquelle sont vraiment vaincues toutes nécessités du monde extérieur, toute violence, principe métaphysique de l’Etat ? Ce n’est pas la science, ni la philosophie, mais seulement la religion qui peut répondre à cette question. En dernier lieu l’idéal de la Société Future s’affirme par une nouvelle façon religieuse de concevoir et d’agir, une nouvelle synthèse religieuse des personnalités et de la société, de chacun et de tous, de l’amour infini et de la liberté infinie.

Nous ne nous adressons pas à la bourgeoisie européenne, mais seulement aux personnalités isolées de la haute culture universelle, à ceux pour qui, selon le mot de Nietzsche, « l’Etat est le plus froid des monstres ». Ces isolés, trop précocement anarchistes, comme Bakounine, Tolstoï, Stirner, Nietzsche, sont des sommets éclairés par les premiers rayons du jour. Mais en bas, où est la nuit noire, là sont nos innombrables frères ignorés, le peuple universel des travailleurs, la grande armée de la Cité Future.