Page:Méric - À travers la jungle politique et littéraire, 2e série, 1931.djvu/158

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déplorer certains égarements. On doit reconnaître qu’il n’est pas de l’école de Maurras et Cie.

La haine de Gohier pour Jaurès date des polémiques de l’Aurore et de la Petite République qui fleurirent à l’occasion de la communion de la fille du tribun. Gérault-Richard s’en mêla. Les choses tournèrent à l’aigre. Il faut ajouter, pour demeurer dans la vérité historique, que les socialistes guesdistes, pour la plupart rédacteurs au Petit Sou d’Edwards, étaient aussi enragés que Gohier et qu’ils n’épargnaient nullement Jaurès. Ils confièrent même à Gohier que Clemenceau venait de pousser hors de l’Aurore la rédaction en chef du Droit du Peuple, quotidien guesdiste de Grenoble. Détail amusant. L’un de ceux qui aboyaient le plus fort après le tribun, dans ce même Petit Sou, fondé par le beau-frère de Waldeck-Rousseau, n’était autre que Jacques Dhur qui acquit, par la suite, une certaine célébrité et qu’on vit conférencier à côté de Jaurès pour réclamer la liberté de Gustave Hervé. Ces choses-là valaient d’être rappelées.

Revenons aux gens du Roy (ne pas oublier l’y, ça fait jaunir Daudet). En juillet 1914, c’est-à-dire quelques jours avant la guerre, Charles Maurras écrivait, sous ce titre : « Le sérieux du régime », les lignes qui suivent :

« M. Jules Guesde a accusé M. Jaurès de HAUTE TRAHISON. C’était bien dit. Mais qu’a-t-il fait ? Va-t-il se séparer de ce traître ? »

Or, il faut qu’on sache qu’en écrivant ces lignes, M. Charles Maurras, apologiste du faux Henry, commettait un faux. Guesde, au cours d’un congrès, s’élevant contre la tactique de la grève générale, avait dit que « ce serait un crime de haute trahison contre le socialisme ». Personne ne s’était trompé sur la pensée du chef