Page:Méric - À travers la jungle politique et littéraire, 2e série, 1931.djvu/168

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Il y eut alors des rencontres violentes. Les étudiants républicains s’étaient groupés autour d’un jeune homme décidé, courageux jusqu’à la témérité : Jean D…, fils d’un homme politique. Il était aidé par les étudiants révolutionnaires, parmi lesquels, au premier rang, les frères M… (je ne les nomme point, ne sachant quelle est, aujourd’hui, exactement, leur situation) ! Je note aussi Léo Poldès, l’animateur des séances du Faubourg. Ce petit groupe s’était mis dans la tête de purger le Quartier des camelots philippards.

Les autres avaient, à leur tête, Maxime Réal del Sarte, glorieux descendant du fameux conventionnel, et, surtout, Maurice Plateau. Le premier était l’Achille des royalistes, le second leur Ajax.

Mais quelles batailles ! Les poings, les matraques, les revolvers, tout entrait dans la danse. On ramassait des éclopés dans tous les coins. Malgré tout, la lutte était inégale. Les camelots demeuraient les plus forts et, il faut bien le dire, ils avaient les sympathies de la jeunesse studieuse — cette fameuse jeunesse issue de tabellions provinciaux ou de bourgeois enrichis dans le commerce des bonnets de coton, et qui passait le plus clair de son temps au d’Harcourt ou au Pascal. Un soir, au cours d’un meeting des Sociétés Savantes, Jean D… et quelques amis, qui avaient réussi à pénétrer dans la salle en dépit d’un service d’ordre vigilant, tinrent tête et à toute une meute enragée. D… sortit de là, le visage en sang, les habits en lambeaux. Il dut s’aliter.

Déjà, à la Santé, Réal del Sarte m’avait montré une lettre que lui adressait son adversaire. Le jeune chef des étudiants républicains lui disait en substance : « Vous avez la réputation d’un homme courageux, d’un homme fort. Eh bien ! ce n’est point dans les manifestations, parmi la foule, que je veux vous rencontrer. Mais