Page:Méric - À travers la jungle politique et littéraire, 2e série, 1931.djvu/175

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au meeting de l’Hôtel des Sociétés Savantes, était venu se réfugier dans la brasserie et avait vu la bagarre.

Grâce à lui, nous pûmes souffler. Les agents, cependant, s’installèrent devant le café, attendant notre sortie. Mais, sur le coup de deux heures, nous leur faussions gentiment compagnie. Le cafetier nous avait indiqué une porte de sortie, sur les quais.

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Pendant que Lagrosillère tenait tête à la force publique et nous permettait ainsi de nous échapper, le bruit de la courte bataille s’était répandu dans le Quartier. Léo Poldès parcourait tous les établissements, sonnant le ralliement, montrant son pardessus troué d’un coup de couteau. De tous côtés des renforts accouraient. Une bande de contre-manifestants s’organisa à la hâte. Mais les premiers combattants, à la suite d’Almereyda, venaient, croyant tout terminé, de regrimper sur les hauteurs de Montmartre.

Les camelots, de même, s’étaient dispersés, jugeant probablement leur soirée bien remplie. Seulement nombre d’entre eux s’installaient, comme à l’habitude, dans les cafés, bruyants et arrogants. Tout semblait néanmoins à peu près fini.

Je remontai, seul, le boulevard Saint-Michel, assez calme. A la hauteur du D’Harcourt, je me heurtai à un groupe — des amis !

— Ah ! te voilà !… Tu n’as pas vu l’affaire ? Qu’est-ce qu’ils ont pris ?

— Qui, ils ?… Quelle affaire ?

— A la Chope Latine… On vient de les vider, et proprement.

Je courus vers la Chope. Joyeux spectacle. Des vitres