Page:Méric - À travers la jungle politique et littéraire, 2e série, 1931.djvu/18

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non. À ce moment, il n’a plus un centime en poche. Les agents le guettent toujours. Il trouve, néanmoins, le moyen de gagner Constantinople. On l’arrête de nouveau. On le relâche. Il part pour Jaffa.

À Jaffa, de louches individus se jettent sur lui, le traînent au consulat. On lui déclare qu’il est un grand criminel et on l’enferme dans une chambre basse d’hôpital. Il s’évade dans la nuit. Il prend la route de Jérusalem. Toute une bande de sbires se lance à ses trousses. Le voilà ressaisi, garrotté, jeté dans un paquebot qui se dirige vers Marseille.

Durant toute la traversée, il demeure enchaîné, aux fers, insulté par les passagers qui viennent le contempler comme une bête curieuse. À l’un d’eux qui l’interroge, il répond en riant : « J’ai coupé une vieille femme en treize morceaux et cela m’a donné la migraine. »

À peine a-t-il mis le pied sur le port de Marseille qu’un policier s’approche et lui explique que les formalités nécessaires n’ayant pas été remplies à Jaffa, pour son arrestation, il est libre. D’Axa respire. Aussitôt, un deuxième policier surgit qui pose sa main épaisse sur son épaule et l’informe qu’en raison de ses condamnations antérieures, il est de son devoir de l’appréhender !… subséquemment. Beautés de l’administration policière.

À Paris, on le colle à Sainte-Pélagie. Par malheur, pendant qu’il vagabondait sur les routes d’Orient, un anarchiste italien avait assassiné le président de la République, Sadi Carnot. On laisse d’Axa purger ses peines. Il va être remis en liberté. Il franchit le seuil de la prison. Il n’a pas fait deux pas qu’on lui retombe dessus et qu’on l’emmène au poste. Cette fois, d’Axa estime qu’on exagère. Il saute par la fenêtre et s’enfuit.

Derrière ce long garçon à longue barbe rouge, les agents se précipitent. La foule s’en mêle. On crie : Au