Page:Méric - À travers la jungle politique et littéraire, 2e série, 1931.djvu/191

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que des antiparlementaires dans les préaux d’école, sur les tribunes, adjurant le peuple souverain, tonnant contre l’adversaire…

Seulement, la fièvre électorale éteinte, la quatrième section se retrouvait. L’élu redevenait l’ennemi.

Je dus quitter la rue Charlemagne, d’abord pour la Santé (maison hospitalière très confortable), puis pour le quatorzième arrondissement. Là, c’était presque aussi drôle. Certains soirs, on voyait s’installer à la tribune le joyeux Tchitcherine, qui allait devenir l’un des maîtres de la Russie. Il ouvrait une serviette volumineuse et se mettait à parler, à parler. Cela durait des heures. Coup de rasoir allongé. Ces soirs-là, les bistrots des environs faisaient recette.

Puis, la guerre. Quand je revins, je retrouvai quelques vieux amis de la quatrième qui, précisément, me choisit comme candidat, au quartier Saint-Gervais, contre Léon Riotor. Elle ne s’affirmait plus insurrectionnelle. L’insurrectionnalisme était mort, tué par la guerre. La section était devenue communiste.

Aujourd’hui, ma vieille section des Enragés n’est plus qu’une cellule.


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