Page:Méric - À travers la jungle politique et littéraire, 2e série, 1931.djvu/25

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sur un nouveau Sinaï, apparaîtront de « Nouveaux Commandements », un nouveau Décalogue… »

Mais l’En-Dehors se réveille et secoue la poussière de ses souliers. À quoi bon ? Les hommes demeureront toujours des hommes tant que ce globe roulera paradoxalement dans l’immensité. Révolution. Progrès. Efforts stériles. Poursuivons notre chemin.

Pour l’En-Dehors, le conflit est perpétuel, sans fin, sans solution, entre les Masses et l’Individu.

Ai-je bien fait comprendre et réussirai-je à faire aimer cet extraordinaire Réfractaire — l’Insurgé total, irréconciliable ? Ce qu’il faudrait pouvoir exprimer, c’est toute la fantaisie de ce coureur de grands chemins qui est un des plus magnifiques écrivains de notre temps et aussi la bonté malicieuse qui se lit dans ses grands yeux clairs. Il y a encore de l’enfant dans son regard qui se repaît joyeusement du spectacle de la rue comme des nuances changeantes du ciel.

Il n’écrit plus. Il ne veut plus écrire. Il estime qu’il en a assez dit. La dernière fois qu’il donna de ses nouvelles à un monde oublieux, il s’exprimait ainsi :

« Circuler un peu par le monde, entrevoir l’épaisseur des masses, retrouver partout florissantes les mêmes duperies transposées, les croyances et les fétichismes enracinés jusqu’à l’os, il est vrai, ne m’a pas porté à d’édifiantes illusions. Respirer, respirer ailleurs. N’être rien dans la vaine affaire. Lampée d’air pur, vent du large. Et sans doute plutôt nomade. Qu’est-ce donc vivre si ce n’est passer, selon sa nature, un moment ? J’aime le matin sur les routes, proches ou lointaines, et sans stylo, sans autre ambition ni but que de comprendre la