Page:Méric - À travers la jungle politique et littéraire, 2e série, 1931.djvu/95

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vous adressons cette demande avec tout le sérieux dont nous sommes capables. Il est bel et bien question d’un homme et d’un homme politique, d’un individu qui tient une place énorme dans les affaires de son pays, d’un individu dont la disparition brusque fera sensation, sera accueillie avec terreur par les uns, avec une joie féroce par les autres, d’un individu dont le châtiment mérité sera ensuite célébré dans l’Histoire.

Doit-on le tuer ?

« Naturellement, nous ne vous dirons pas le nom de cet homme politique et vous comprendrez aisément notre réserve. Qu’il nous suffise de vous indiquer que l’individu en cause est un gouvernant, qu’il a mérité la haine exaspérée du peuple, qu’il a semé le mal et la douleur, qu’il s’est efforcé par tous les moyens de restaurer le plus abject des régimes de tyrannie. Ce despote sanglant, après avoir, dans sa jeunesse, donné quelque espoir aux hommes de progrès, s’est révélé, par la suite, un abominable gredin. Il a trahi ses amis, renié son passé, oublié ses programmes. Il a fait appel aux soldats pour fusiller le peuple. Il a répandu le sang de ceux qui avaient placé leur confiance en lui. Il a fait jeter en prison tous les esprits libres qui osaient critiquer et dénoncer ses crimes. Abominable fripouille, arriviste sans scrupules, tyranneau sans conscience, cet individu ignoble entre tous a, selon nous, mérité cent fois la mort, trop douce encore pour le punir de ses forfaits.

Doit-on le tuer ?

Cela se terminait ainsi :

« … Ne vous pressez pas de répondre. Songez à la