Page:Méric - À travers la jungle politique littéraire, 1930.djvu/132

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Ainsi, bien des soirées finissaient par des chansons. Pas toujours, cependant. Vers les deux heures du matin, les langues devenaient pâteuses. Rabourdin, tout à coup, se livrait à un chahut désordonné. La salle s’emplissait de cris, de relents, de fumée. Et l’on entendait la voix aiguë de Marcel Deschamps, l’orgue du père Escat, les éclats de Mayéras, les déclamations de René Cabannes :

— La so-cia-li-sa-tion !…

— Le… pa-tro-nat !…

— C’est de l’in-co-hé-ren-ce !…

— Ju…les… Gues… de…, Marx…, La…far…gue…., loi d’ai…rain…

— Zut… La bar…be !… On ferme !…


VII

Il faut, maintenant, que je vous présente un client de marque de la Chope : le citoyen Barthélemy Mayéras, qui nous arrivait, tout frais, avec ses illusions, de la bonne ville de Limoges et qui, bientôt, allait devenir conseiller municipal, puis député de la Seine.

C’était un phénomène effroyablement barbu. La nature illogique l’avait comblé de poils au menton pour mieux dégarnir, sans doute, le sinciput. Ce qui est, à tout prendre, une application de la loi des compensations. Mais, du menton, la broussaille, épaisse cheminait sur les joues, rejoignait les arcades sourcilières, risquait une incursion dans les tissus des oreilles, assiégeait les pariétaux.