Page:Méric - À travers la jungle politique littéraire, 1930.djvu/160

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de ses concitoyens l’Âne Blanc, dit le citoyen NUL, qu’il promena, le jour du scrutin, dans les rues de Paris, jusqu’au moment où les agents le conduisirent à la fourrière. Et nous avions imaginé de poser la candidature de l’animal cher à Monselet, le citoyen Chonoc qui s’adressait indistinctement à tous : réactionnaires, conservateurs, radicaux, socialistes. Naturellement, Chonoc fut élu, par l’addition des voix abstentionnistes. Mais il n’eut pas l’occasion de siéger.

Époque glorieuse. En somme, ces tours de cochon joués aux électeurs étaient moins graves que ceux que devaient leur jouer, par la suite, leurs élus.

Après ça, vint la guerre. Après la guerre, vint le bolchevisme.

C’est le communisme — que j’ai traversé — qui me poussa vers les batailles électorales et fit de moi un candidat, en 1919, à l’heure où fleurissaient sur tous les murs des milliers de têtes hideuses agrémentées d’un couteau entre les dents. Pour la première fois, on expérimentait le savant mode de scrutin auquel les électeurs ne comprenaient goutte, avec quotient, moyenne, restes… Dans mon secteur, il y avait trois listes sérieuses : celle du Bloc National, celle du Parti radical-socialiste, celle du Parti socialiste non encore désuni.

Je figurais sur la troisième liste qui obtint une moyenne de quarante mille voix et bénéficia de trois élus.

Je récoltai, pour ma part, près de quarante-deux mille voix et je fus battu. Painlevé et Ferdinand