Page:Méric - À travers la jungle politique littéraire, 1930.djvu/164

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Ce fut une campagne féroce et amusante. Je ne pense pas que le quartier Saint-Gervais ait jamais été secoué de cette façon. Réunions et meetings tous les soirs. Salles combles, surchauffées, vibrantes. Tous les orateurs d’extrême gauche : Marcel Cachin, Frossard, Torrès, Noël-Garnier, le capitaine Treint, Louis Sellier, Berthon, Daniel Renoult…

L’enthousiasme débordait dans la rue. Jusqu’à une heure du matin, on entendait, rue Charlemagne, sur les quais, rue de Rivoli, dans les bistrots, partout, des « Vive les Soviets ! Vive le Prolétariat ! » Les adversaires commençaient à avoir sérieusement peur. D’autant que les éléments syndicalistes qui, d’ordinaire, se réfugiaient dans l’abstention, marchaient carrément avec nous.

J’avais, contre moi, outre Léon Riotor, un candidat vaguement radicalisant. J’arrivais second, pas très loin de Riotor. Je jugeais alors que l’expérience étant terminée, il n’y avait plus qu’à saluer l’assistance. Mais la section en décida autrement. Il fallait aller jusqu’au bout. Je remis ça durant une semaine.

Je dois vous signaler qu’à ce moment-là — c’était vers la Noël — nombre d’ouvriers du bâtiment, des Limousins, se trouvaient dans les régions libérées, dans l’impossibilité de voter. Quelques-uns firent le voyage tout exprès. D’autres envoyèrent leurs cartes d’électeurs qui furent utilisées — ma foi je puis bien