Page:Méric - À travers la jungle politique littéraire, 1930.djvu/196

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la liberté de penser. Aussi leur rage ne connut-elle pas de bornes.

Je ne voudrais pas me voir taxé d’exagération. Mais l’on imaginera difficilement le nombre de lettres de menaces que je reçus à cette joyeuse époque et, encore moins, leur teneur. Dans les réunions, j’étais accueilli aux cris alternés de « Cannibales ! » et de « Froufrou ! ». Car la petite plaisanterie continuait.

Et L’Humanité, chaque matin, chauffait un peu plus les esprits contre les traîtres, les renégats, les agents de la bourgeoisie. Dans la grande salle du Gymnase Huygens, le citoyen Berthon, un pur entre les purs, jetait mielleusement mon nom en pâture à la foule, et c’était aussitôt une tempête de « Hou ! Hou ! ».

Superbe impopularité !

Cela se dénoua comme je l’avais prévu, comme je le disais depuis le début à mes colistiers. Onze mille voix de moyenne alors qu’il fallait un quotient de quinze mille. La défaite la plus catastrophique. Nous étions battus, ce qui s’appelle battus, à plate couture.

C’était bien la peine de descendre parmi les bêtes féroces et les bêtes puantes, et d’affronter la démagogie communiste.

… Ici se terminent mes mésaventures électorales. J’ai vécu, paisible, depuis. Je conserve l’espoir qu’il n’y aura pas de « suite à demain ».

On ne peut pas toujours perdre son temps.