Page:Méric - À travers la jungle politique littéraire, 1930.djvu/212

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Mais Hervé, lui, n’y regardait pas de si près. Le soir, il se régalait de ces friandises, dévorait les huîtres jusqu’aux coquilles, exclusivement.

Mais dans la nuit !…

Soudain un branle-bas. Des pas dans le couloir, des appels. On ouvre les cellules. Le général Hervé était vert, en proie à d’effroyables coliques. Il se tortillait sur sa couchette. Autour de lui, on perdait la tête. Le directeur s’arrachait les cheveux, hurlait :

— N… de D… On va dire que je l’ai fait empoisonner.

En effet, Hervé trouvé mort dans sa cellule, quelle catastrophe ! Quel chahut dans Paris !

On finit par s’expliquer. On apprit qu’il s’agissait des huîtres. Il fut, dès lors, facile de guérir Hervé.

Mais après !… Quel déluge de plaisanteries, de sarcasmes, de récriminations. Hervé prit quelque chose pour ses huîtres ! Mais il s’en moquait.

Tel apparaissait, voici bientôt une vingtaine d’années, le terrible, le redoutable Hervé, chef d’une bande de malfaiteurs, épouvante des bourgeois avant de devenir leur défenseur. Ceux qui voudraient le juger uniquement sur son attitude d’aujourd’hui risqueraient de se tromper lourdement. Pour bien comprendre cet homme dont je n’ai peint que l’aspect familier, il faut le saisir à ses débuts, le suivre, étudier sa lente évolution, ses réactions. Pour peu que cela intéresse le lecteur, je vais vous montrer un autre aspect de ce diable d’homme.

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