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Mais, à l’époque dont je parle, il avait sur la conscience toute une série de méfaits. Ces méfaits, il les a classés et réunis dans un volume qu’il a intitulé carrément : « Mes Crimes ».

Premier crime. Le drapeau dans le fumier. Ce fut le point de départ de sa scabreuse notoriété. Quand les réactionnaires et les conservateurs voulaient accabler les partis de gauche et le socialisme, ils ne manquaient jamais de ressusciter l’homme au drapeau dans le fumier. De même qu’aujourd’hui — les méthodes demeurent les mêmes — ils brandissent le spectre du communisme pour stimuler l’épouvante des timorés et des hésitants.

Le fameux drapeau dans le fumier, cependant, n’était, si j’ose m’exprimer ainsi, un véritable bateau. D’un mot, Hervé aurait pu dissiper l’équivoque, rétablir la vérité des faits, confondre ses adversaires. On lui disait souvent :

— Voyons ! Tu devrais protester… publier ton article. Ainsi l’opinion sera fixée.

Il se mettait à rire, en haussant les épaules :

— Bah ! Laissons dire. Ça n’a aucune importance.

Ce drapeau, si malencontreusement barbouillé, c’était, je l’ai déjà expliqué, celui de la bataille de Wagram, qui fut une des plus sanglantes boucheries napoléoniennes. De quoi s’agissait-il, en réalité ? D’un article publié par le petit professeur de Sens dans le Travailleur socialiste de l’Yonne à l’occasion de l’anniversaire de Wagram. Qu’on me permette d’en donner quelques extraits. On verra que pas un républicain ne pouvait trouver prétexte à s’indigner :