Page:Méric - À travers la jungle politique littéraire, 1930.djvu/225

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seul problème qui le passionne, c’est celui du moment.

On voit où ça peut mener. Un professeur péremptoire, évadé des salles d’études et armé de la plume du polémiste. Un militaire rondouillet, grand amateur de pyrogènes, le disputant à l’onctuosité grassouillette d’un pasteur d’âmes. Capitaine d’habillement et curé de campagne.

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Après avoir accumulé les années de prison, Gustave Hervé était devenu le véritable chef de l’armée révolutionnaire. Sa popularité, dans la classe ouvrière, était formidable. Ce fut, à ce moment, qu’il décida de changer son fusil d’épaule.

La chose se fit tout doucement, par étapes. Un beau jour, comme nous lui rendions visite, dans sa cellule, il nous confia gravement qu’il avait réfléchi.

Résultat de ses réflexions ? Il fallait s’occuper de lancer les troupes révolutionnaires à l’assaut de la citadelle capitaliste. Mais pour cela, il était indispensable de se grouper, de s’unir, de se sentir les coudes et, même, « d’accepter une discipline indispensable ». Il fallait aussi s’assurer la force. D’où nécessité de conquérir l’armée. Vous voyez la suite.

C’était la formule du « militarisme révolutionnaire » — une préface aux méthodes communistes d’aujourd’hui. Mais cette nouvelle tactique ne fut pas du goût de tout le monde, dans les milieux révolutionnaires. Les anarchistes ruèrent dans les brancards.