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d’une bagarre. N’importe. Un grand meeting fut annoncé à la salle Wagram.

Le mot « Wagram » aura joué un certain rôle dans la carrière d’Hervé.

Le meeting eut lieu parmi les coups de revolver et le fracas des vitres brisées. C’était Maxence Roldes qui présidait, au milieu d’un chahut indescriptible. Mais le général était entouré d’un bataillon de jeunes gardes. Les récalcitrants furent mis promptement dehors. Le désarmement des haines débutait par des batailles rangées.

La rupture entre Hervé et les extrémistes était consommée. Au lendemain d’ailleurs, le polémiste publiait un article insolent, dans la Guerre Sociale, intitulé : « La bataille de Wagram ». Cette provocation ne pouvait qu’élargir encore le fossé.

Quelque temps après, nouvelle marotte. Le professeur s’était mis dans la tête de régler définitivement la question de l’Alsace-Lorraine. Il publia sur ce sujet palpitant toute une série d’études réunies depuis en un volume. Déjà, il montrait le bout de l’oreille. Il annonçait la guerre inévitable, si l’on ne s’arrangeait pas pour résoudre le problème alsacien-lorrain. Et, de fil en aiguille, il en vint à batailler pour la Patrie républicaine, rejetant son intransigeance d’autrefois.

Il avait rompu avec ses compagnons. Un peu partout, l’on murmurait le mot : renégat. Le Gustave Hervé de 1912 et 1913 n’était plus du tout celui des débuts. Il était mûr pour la guerre.