Page:Méric - À travers la jungle politique littéraire, 1930.djvu/93

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demeuraient impuissants. Il leur fallait quémander les secours des soldats. Et l’on pouvait voir, tenu solidement par le bras, un bohème récalcitrant et hilare que l’on conduisait, parmi la foule réjouie, rue de Condé, vers le poste de police que nous avions baptisé : La Gaillarde. Quel est celui d’entre nous qui n’a pas fait un séjour de quelques heures dans ce poste d’où l’on nous renvoyait, le soir venu, après une sévère mercuriale ?

Des écrivains et des artistes qui, depuis, ont atteint à la notoriété, doivent se souvenir de la « mère Ticket » et de la « Gaillarde ».

Il y avait bien quelques étudiants, fils de famille futurs notaires, futurs morticoles de campagne, qui se risquaient dans notre domaine avec leurs charmantes demoiselles. Mais ils n’étaient pas à leur aise. Ils avaient des regards méprisants pour ces voyous de rapins (toute la bande était désignée par ce terme général de rapin, alors que la plupart d’entre nous n’avaient pas même mis les pieds aux galeries des Beaux-Arts). À la vérité, cette allée du Luxembourg était comme notre propriété, par droit de conquête.

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De loin en loin, quand nous sentions quelque menue monnaie battre dans la poche, nous montions jusqu’à la rue Saint-Jacques, à cette fameuse Académie dont j’ai déjà parlé.

L’Académie avait un passé glorieux. Elle ruisselait