Page:Méric - Les Bandits tragiques.djvu/124

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éclair. Et Soudy entra à l’hôpital Saint-Louis affreusement malade, et, pensait-il, guéri de ses illusions.

Tristes débuts dans l’existence.

il lui arrivait souvent d’affirmer :

— Que voulez-vous, j’ai la guigne. J’écope toujours.

Il disait cela avec l’accent et la tristesse goguenarde de Pierrot résigné.

Pendant son séjour à l’hôpital, il avait abandonné sa chambre à un ami, l’invitant à en user à sa guise. L’ami fut, certain jour, surpris en flagrant délit de vol de bicyclette. On l’arrêta. On l’interrogea. On s’enquit de son domicile. Cela conduisit à une perquisition dans la chambre de Soudy qui n’en pouvait mais, et l’on découvrit quelques boîtes de sardines acquises selon les bonnes méthodes ; plus — circonstance aggravante — un trousseau de fausses clefs et une pince-monseigneur. Du coup, on s’inquiéta de Soudy, complice présumé. Des camarades, au courant de l’affaire, songèrent à l’enlever de l’hôpital. On rassembla des copains qui réunirent quelque argent et l’on chargea l’un d’entre eux de le porter à Soudy. L’émissaire garda l’argent dans sa poche.

Soudy fut enlevé, mais par la police. On le transporta à la Santé. Son « recel » paraissait établi. Coût : huit mois de prison ! Pas de chance !

Pendant ces huit mois, il dépérit affreusement. Il sortit de prison, phtisique.