Page:Méric - Les Bandits tragiques.djvu/138

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— Quelle sotte histoire ! Quelle imbécillité ! Nous étions partis pour une autre affaire, de tout repos, celle-là. Malheureusement, elle a raté. Alors Bonnot nous a dit : « N… de D… ! nous n’allons pourtant pas rentrer bredouilles ! » Et il nous a conduits rue Ordener. Depuis quelques jours, il avait tout repéré. Il possédait le bon tuyau.

Callemin interrompit :

— Malheureusement, rien ne s’est passé comme nous l’avions prévu.

Soudain, Garnier explose :

— Ah ! cette foule sauvage, cette foule féroce qui nous faisait la chasse… Qu’est-ce que ça pouvait bien leur faire à tous ces imbéciles, que nous nous « expliquions » avec un garçon de recettes. Si j’avais pu, je crois que j’aurais tué tout le quartier.

Les autres écoutent silencieusement. Kibaltchiche rêve. Puis il lève la tête, tristement ; il interroge :

— Comment en êtes-vous venus là ?

Callemin répond :

— On en avait assez. Nous ne pouvions plus vivre comme ça. On était fatigué des théories, des principes, des axiomes, des syllogismes. Le bonheur espéré se faisait trop attendre. Nous avons voulu le conquérir, d’un seul coup, en jouant notre chance.

Il dit ces choses avec un accent douloureux, d’une voix triste où l’on sent passer toute une