Page:Méric - Les Bandits tragiques.djvu/140

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

diamant noir… Comment échapper ? Fatalement nous serons pris. Et qu’importe. Nous ne prenons même pas la peine de nous camoufler.

C’était vrai, très vrai… Tous deux avaient gardé leur aspect ordinaire.

Une immense lassitude tirait, seule, leurs traits et donnait à leurs visages un air de morne désespérance.

Le silence régnait à nouveau. Les enfants dormaient toujours, innocemment, dans leur petit lit-cage. On entendait leur souffle et le rythme de leurs songes. Une torpeur envahissait tous ces êtres rassemblés.

Kibaltchiche et Rirette frissonnaient de pitié, sentaient leur cœur s’amollir. Ceux qu’ils avaient devant eux, loques pitoyables, n’étaient plus des bandits : des malheureux.

Soudain, à l’église de Belleville, un coup, un seul coup retentit. Une heure.

— Allons ! dit Garnier, il est temps !

— Déjà ! fit Callemin, avec un soupir.

— Il est temps, reprit Garnier, devenu dur… Allons-nous-en…

Ils se levèrent à regret, remirent leurs pardessus. Callemin assujettit son binocle.

Puis tous deux, l’œil aux aguets, les mains dans les poches, prêts à tout, sortirent de la maison.

Ils disparurent, fantômes avalés par l’ombre, au coin de la rue Mélingue.

Alors l’homme et la femme, Kibaltchiche et