Page:Méric - Les Bandits tragiques.djvu/157

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

galisme et dont sortirent, tout armés, les bandits tragiques.

À la base, folie, ignorance, révolte, désir de se singulariser.

Et, cependant, la plupart de ces hommes étaient des volontés et des intelligences, souvent des âmes de douceur. Le spectacle des iniquités sociales les avait conduits là. De funestes théoriciens firent le reste, des théoriciens péremptoires qui affectaient le mépris des bipèdes humains, qui qualifiaient leurs semblables d’abrutis et de crétins, qui s’érigeaient au-dessus des foules, omniscients et superbes.

Ceux-là n’ont pas trinqué.

Mais veut-on descendre jusque dans les profondeurs de l’âme des bandits ?

Qu’on médite ces lignes parues dans un journal de l’époque et qu’il n’est peut-être pas inutile de reproduire.


« En face de la misère et de la souffrance, l’existence des jouisseurs constitue une provocation permanente, une raillerie cynique, une tentation constante. Il y a, au bas de l’échelle sociale, des intelligences et des audaces, des hommes dont le cerveau est plein et l’âme neuve. Ils ont des yeux pour voir et des oreilles pour entendre. Et c’est parce qu’ils savent voir, qu’ils savent entendre, qu’un beau jour, ils se dressent formidables, et qu’ils attaquent, ce qui est, pour eux, le seul moyen de se défendre.