Page:Méric - Les Bandits tragiques.djvu/173

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de l’Anarchie ; il y a, séparé d’elle par un garde, son ami Kibaltchiche, un Slave rêveur, aux yeux très enfoncés dans une face glabre, au surplus le seul théoricien authentique de la bande, le seul véritable et sincère marchand d’illusions. Et tous les autres, y compris Dieudonné, l’homme aux mémoires, le robuste Carouy, le fantômal Metge, le rouge Dettwiller et aussi, de Boué, Rodriguez, Monnier dit Simentoff, le remisier Crozat de Fleury, la femme Schoofs et Barbe de Clerch, la maîtresse de Metge, sont des types impersonnels, insignifiants, anonymes, que vous avez rencontrés cent fois sans éprouver une émotion ni une curiosité. »

« — Faites entrer les témoins ! ordonne le président.

« Aussitôt, une foule, en cohue, envahit la salle. Il y a là, pêle-mêle, les parents et les amis des victimes et les parents et les amis de meurtriers. Un homme prêt de moi pâlit et jure en regardant Soudy. Je lui demande : « Vous le reconnaissez ? » — « Si je le reconnais ! Il a tiré sur moi, à Chantilly » Un autre déclare, à mi-voix : « J’ai été menacé, mais je suis armé ! » Et il indique la poche enflée de son veston. L’appel dure interminablement. Enfin le flot s’écoule peu à peu par la petite porte. Les interrogatoires, maintenant, vont commencer. »

« — Madame Maîtrejean !

« Une très jeune femme se lève. Ses vingt-quatre ans en semblent seize, et, dans la salle, de tous