Page:Méric - Les Bandits tragiques.djvu/177

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Au début de la détention de Rirette, cela avait semblé une petite histoire de recel mal établi. Puis, après l’affaire de Chantilly, et à cause d’elle, alors que Rirette était emprisonnée depuis près de trois semaines, tout à coup on l’inculpa d’association de malfaiteurs. Au cours des nombreuses visites qu’il lui fit à la prison de Saint-Lazare, son défenseur, Me Raphaël Adad, avait toujours montré un grand optimisme.

Il fallut déchanter quand l’affaire vint devant la Chambre des mises en accusation. Rirette Maîtrejean prenait sur le dossier le numéro 1, faisant ainsi figure de chef de bande. Elle conserva ce rang aux Assises. Naturellement, son ami Kibaltchiche se vit généreusement octroyer le numéro 2.

Il était prouvé, archiprouvé, établi aux yeux de tous, que, loin d’approuver les théories et les pratiques illégalistes, ces deux anarchistes les avaient toujours combattues, au point même d’en être devenus suspects et de subir des injures et menaces.

N’importe. Il y avait association de malfaiteurs. Il fallait une âme, des chefs…

Le 3 février, une jeune et frêle femme tint tête, avec une énergie qu’on n’aurait pas soupçonnée en elle, aux représentants de cette Société que des révoltés avaient attaquée violemment et qui avait fini, comme toujours, par triompher.

Elle assura, très nettement, que les anarchistes n’ont pas coutume d’enquêter sur les individus qui viennent parmi eux. C’est une règle morale.