Page:Méric - Les Bandits tragiques.djvu/184

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Cela peut paraître ridicule, extraordinaire, mais c’est ainsi. La loi a de ces chinoiseries.

Toutefois on ne pouvait guillotiner un homme dont la participation au crime était niée par tous ses présumés complices. D’autant que les rapports de police le présentaient comme un travailleur, vivant du produit de son travail, conquis, certes, aux idées anarchistes, mais repoussant les pratiques violentes de l’illégalisme. On le savait sentimental à l’excès. Il écrivait à M. Émile Michon, membre de la Société Générale des prisons, pour le prier de lui donner des nouvelles de sa mère malade. « Je souffre, disait-il, de voir, par la pensée, clouée sur son lit de douleur, les traits tirés, le visage amaigri par le souci, les yeux perdus dans un regard fixe, ma pauvre vieille maman accablée sous le poids de la fatalité. »

Maman ! Le cri de l’enfant ! Le suprême appel de l’homme malheureux.

« J’aime ma mère, écrivait encore Dieudonné, comme on doit aimer celle qui vous a donné le jour, qui vous a élevé au prix de mille sacrifices et qui a gravi le dur calvaire qu’est celui de toute mère, restant veuve de bonne heure, avec trois enfants en bas âge. Je l’aime aussi parce qu’elle souffre pour moi et que je souffre pour elle. En un mot, je l’aime, je l’aime pieusement comme un enfant aime une mère. Et lorsque dans mes nuits d’insomnie, je raconte mes peines au traversin de ma dure couchette, je me surprends, parfois, ten-