Page:Méric - Les Bandits tragiques.djvu/208

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de diviser la besogne. Le directeur préviendra l’un des condamnés, le juge d’instruction se chargera du deuxième, le substitut du procureur du troisième.

Une porte roule sur ses gonds. Les gardiens se précipitent dans la cellule en criant : « Allons, debout ! levez-vous ! » Le prisonnier ne bouge pas. On le secoue. Alors, il se lève, ahuri, les yeux mi-clos, empoussiérés de sommeil. C’est Monnier dit Simentoff.

Tout de suite, il se rend compte de la situation.

— Votre pourvoi est rejeté, lui dit-on.

Il commence à s’habiller.

— Je m’en doutais, fait-il.

Il se retourne vers son avocat, Me Bruno Dubron, et lui demande la permission de l’embrasser. On lui offre un petit verre de rhum. Il l’absorbe d’un trait. Puis, il tend la main à l’aumônier.

— Ce n’est pas au prêtre, explique-t-il, que je serre la main, c’est à l’ami.

Il a aussi quelques paroles de gratitude pour les inspecteurs et les gardiens. Tout cela avec bonne humeur, d’une voix qui ne tremble point.

Il s’en va d’un pas sûr, dans les couloirs, entraîné par deux gardiens.

Au greffe, il trouve le juge d’instruction Gilbert.

Il lui dit :

— Monsieur le juge, on ne vous a pas encore fait la barbe. Mais ça peut venir un jour. Adieu. Je ne vous en veux point.