Page:Méric - Les Bandits tragiques.djvu/216

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et marchant vers la Camarde en lui faisant un pied de nez.



Dieudonné partit pour la Guyane. On n’entendit plus parler de lui. On sut seulement que, par deux fois il avait tenté de s’évader. Cela lui valut d’être jeté dans une cellule de l’île Saint-Joseph.

C’est là qu’un des plus aventureux reporters de notre époque, Albert Londres, put le joindre et l’interroger. Laissons-le parler :


« J’entrai dans le cachot.

« Son cachot n’était pas tout à fait noir. Dieudonné jouissait d’une petite faveur. En se mettant dans le rayon du jour on y voyait même assez pour lire. Il y avait des livres, le Mercure de France, de quoi écrire.

« — Ce n’est pas réglementaire, mais on ferme les yeux. On ne s’acharne pas sur moi. Ce qu’il y a de terrible au bagne, ce ne sont pas les chefs, mais les règlements. C’est des règlements que nous souffrons affreusement. On ne doit pas parler, mais il est rare que l’on nous punisse d’abord. On nous avertit. À la troisième, à la quatrième fois, le règlement joue évidemment. Mais ce qu’il y a de pire, d’infernal, c’est le milieu. Les mœurs y sont scandaleuses. On se croirait transporté dans un monde où l’immoralité serait la loi. Comment voulez-vous qu’on se