Page:Méric - Les Bandits tragiques.djvu/34

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affirmer qu’ils reconnaissaient Dieudonné comme l’agresseur ? Il y a là quelque chose d’inexplicable mais que nous expliquerons parfaitement.

Notons encore que, quelques mois après l’attentat, le 20 mars 1912, la Sûreté, l’Instruction et la Presse reçurent une lettre qui fit sensation. Nous la reproduisons telle que nous l’avons retrouvée, dans un journal du temps, en respectant scrupuleusement texte et orthographe :


Paris, le 19 mars 1912.
4 h. 25 de l’après-midi.
À MM. Gilbert, Guichard et Cie,

Depuis que, par votre entremise, la presse a mis ma modeste personne en vedette, à la grande joie de tous les concierges de la capitale, vous annoncez ma capture comme imminente ; mais, croyez-le bien, tout ce bruit ne m’empêche pas de goûter en paix toutes les joies de l’existence.

Comme vous l’avez fort bien avoué, à différentes reprises, ce n’est pas à votre sagacité que vous avez pu me retrouvez, mais bien grâce à un mouchard qui s’était introduit parmi nous. Soyez persuader que moi et mes amis, nous saurons lui donner la récompense qu’il mérite, ainsi d’ailleurs qu’à quelques témoins par trop loquaces.

Et votre prime de 10.000 fr. offerte à ma compagne pour me vendre, quelle misère pour vous, si prodigue des deniers de l’État ; décuplez la somme, Messieurs, et je me livre, pieds et poings liés, à votre mercie, avec armes et bagages.