Page:Méric - Les Bandits tragiques.djvu/6

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Mais les morts replongés dans leur silence, il reste les vivants. Et de ces vivants qui sont comme des morts, Eugène Dieudonné.

On a révélé les souffrances imméritées de cet homme.

On a dit toute l’injustice de son sort.

Cependant, les trois syllabes qui composent ce nom : Dieu… don… né… ne correspondent, dans l’esprit des vieilles générations, qu’à de vagues, très vagues réminiscences. Pour les jeunes, ceux qu’on baptise les nouvelles couches, c’est de l’histoire ancienne, de la vieillerie fripée qui ne vaut pas un regard, en un temps où l’on a d’autres chats à fouetter, où les regrets sont superflus, les retours vers le passé incongrus et où tant de nouveautés mirifiques sollicitent l’attention promptement détournée.

C’est que le drame n’est pas d’hier. Mil neuf cent douze, pensez donc ! C’est vieux, si vieux.

Depuis, la guerre passé, dévastatrice ; et après la guerre, des révolutions, des changements de régime, des monarques écroulés, des nations neuves, des problèmes et des problèmes imprévus dont on s’efforce vainement de faire surgir la solution.

Alors quand vous venez, maquillé de candeur,