Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 1,1874.djvu/132

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croyez-moi ; abandonnez ce style et reprenez votre ton de coquetterie ordinaire, qui vous sied à merveille. Il y aurait de la cruauté de ma part à vouloir vous voir, puisque cela vous rendrait si malade qu’il faudrait une quantité extraordinaire de gâteaux pour vous guérir. Je ne sais où vous avez pris que j’ai des amis dans les quatre coins du monde. Vous savez bien que je n’en ai qu’un ou qu’une à Madrid. Croyez que je suis très-reconnaissant de la magnanimité que vous avez montrée à mon égard, l’autre soir aux Italiens. J’apprécie comme je le dois la condescendance avec laquelle vous m’avez montré votre figure pendant deux heures, et je dois à la vérité de dire que je l’ai fort admirée, comme aussi vos cheveux, que je n’avais jamais vus d’aussi près ; quant à cette assertion que vous ne m’avez rien refusé de ce que je vous avais demandé, vous aurez quelques millions d’années de purgatoire pour cette belle menterie. Je vois bien que vous avez envie de ma pierre étrusque, et, comme je suis encore plus magnanime que vous, je ne vous dirai pas, comme Léonidas : « Viens et prends ! » mais je vous demanderai encore comment vous voulez que je