Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 1,1874.djvu/187

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instruments tranchants, mais point celle des piquants. J’aurais cru, au contraire, que cela signifiait attachement, et c’est cela peut-être qui m’a fait choisir les épingles. Vous rappelez-vous que vous n’avez pas voulu me laisser ramasser les vôtres chez madame de P… ? J’ai cela encore sur le cœur avec bien d’autres griefs contre vous. Je vous les pardonne tous aujourd’hui, mais je les retrouverai aussi révoltants lorsque vous y en aurez ajouté d’autres. C’est un grand malheur que de ne pouvoir oublier. J’écris aujourd’hui comme un chat, je ne puis encore tailler ma plume, et je ne sais si vous pourrez lire mon griffonnage. Il est presque aussi intelligible que ce que vous écrivez en blanc. Je suppose que vous allez fort dans le monde ce carnaval. En rangeant ma table, je m’aperçois que je ne suis point allé à un bal chez le directeur de l’Opéra. Où est le bon temps où j’y prenais plaisir ? Maintenant, tout cela m’ennuie horriblement. Ne vous semblé-je pas bien vieux ?

Le temps a l’air de vouloir se remettre, mais je n’ose rien dire. J’ai juré de vous laisser toute liberté. — Théodore Hook est mort. Avez-vous lu