Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 1,1874.djvu/228

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avez pas pensé, ou, ce qui serait plus mal, vous avez cru indecorous de le faire. C’est cette préoccupation que vous avez sans cesse qui nous est bien souvent un sujet de brouillerie. À mesure que le moment de ne plus vous voir approche, je me sens plus mécontent de moi, et, pour le résultat, c’est comme si j’étais mécontent de vous. J’ai bien pu dire que vous vous contraignez beaucoup pour me plaire ; je me prends sans cesse à me mettre en fureur contre cette contrainte même qui, dans ce qu’elle a de plus agréable, cache toujours un fond horriblement triste ; mais rêver, c’est le plus sage. À quand ? voilà toute la question.

Vous devriez bien me traduire un livre allemand qui me met au supplice. Rien n’est plus enrageant qu’un professeur allemand qui croit avoir une idée. Le titre est tentant : das Provocationsverfahren der Römer.

LXXIII

Paris, juillet 1843.

Voilà une lettre de vous bien aimable et pres-