Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 1,1874.djvu/307

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

si je sais être magnanime. Ne m’écrivez pas à Privas, mais à Clermont-Ferrand. Je viens de m’apercevoir que je n’avais que faire à Privas. Après Clermont, j’irai probablement à Lyon, mais vous aurez de mes nouvelles auparavant.

CXII

10 août 1846.
À bord d’un bateau à vapeur dont je ne sais le nom.

Je suis allé dans les montagnes de l’Ardèche chercher un lieu écarté où il n’y eût ni électeurs ni candidats. J’y ai trouvé une si grande quantité de puces et de mouches, que je ne sais pas si les élections ne valaient pas mieux. Avant de quitter Lyon, j’avais reçu une lettre de vous qui m’avait fait beaucoup de plaisir, car j’étais vraiment un peu inquiet. J’ai beau avoir l’habitude de votre négligence à mon endroit, je ne puis m’empêcher, quand je suis sans nouvelles de vous, de penser qu’il vous est arrivé quelque chose d’extraordinaire. Ce qu’il y aurait de vraiment extraordinaire, c’est que vous daignassiez penser à moi aussi