Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 1,1874.djvu/383

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

CLVIII

Paris, 2 août au soir, 1854.

Je suis arrivé ici ce matin, très-courbaturé, très-ennuyé, très-souffrant et très-triste. Je ne me guéris pas de cette douleur au côté et à la poitrine qui m’empêche de trouver une position pour dormir. Avant-hier, je suis arrivé à Caen, le jour même de la cérémonie. J’ai vu le secrétaire et j’ai pris mes mesures pour échapper à toutes les visites officielles. À trois heures, je suis entré dans la salle de l’École de droit, où j’ai trouvé dix-huit à vingt femmes dans une tribune, et environ deux cents hommes avec des figures telles que toute autre ville peut en offrir, selon toute apparence ; silence merveilleux. J’ai débité ma tartine sans la plus légère émotion, et on a applaudi très-poliment. La séance a duré encore une heure et demie et s’est terminée par la lecture de vers d’un bossu, haut de deux pieds et demi, pas trop mauvais. Immédiatement j’ai été