Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/190

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Nous sommes ici assez bien, c’est-à-dire nous connaissant, et aussi libres les uns avec les autres qu’on peut l’être en ces lieux.

Nous avons, en lions, quatre Highlanders en kilt : le duc d’Athol, lord James Murray, et le fils et le neveu du duc. C’est assez amusant de voir ces huit genoux nus dans un salon où tous les hommes ont des culottes ou des pantalons collants. Hier, on a fait entrer le piper de Sa Grâce, et ils ont dansé tous les quatre de manière à alarmer tout le monde lorsqu’ils tournaient. Mais il y a des dames dont la crinoline est encore bien plus alarmante quand elles montent en voiture. Comme on a permis aux dames invitées de ne pas porter le deuil, on voit des jambes de toutes les couleurs. Je trouve que les bas rouges ont très-bon air. Au milieu des promenades dans les bois humides et glacés et des salons chauffés au rouge, je me suis tenu jusqu’à présent sans rhume ; mais je suis oppressé et je ne dors pas. J’ai assisté à la grande comédie ministérielle où l’on s’attendait à voir une ou deux victimes de plus. Les figures étaient bonnes à observer, les discours encore plus ; d’autant que M. Walewski,