Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 2,1874.djvu/50

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qu’on dit, même en français, et il a pris son maître en mépris depuis qu’il le voit me servir. Je voudrais que vous lussiez César d’Ampère, qui vient de paraître. Il se pourrait que je fusse obligé d’en parler, et, comme on le dit en alexandrins, cela m’effraye. J’aimerais à prendre votre opinion toute faite, je n’ai jamais pu mordre aux vers. Je commence à compter les jours. Le mois ne se passera pas, j’espère, sans que je vous revoie. Je soupçonne que vous ne regrettez pas à Paris l’air des montagnes ni les gigots de chamois. Quant à moi, je vis de l’air du temps. Je ne dors pas non plus, mais j’ai les jambes bonnes, je grimpe sans trop étouffer. Adieu ; écrivez-moi encore une fois et dites-moi des nouvelles ou des nouveautés de Paris. Je suis si rouillé, que je lis les feuilletons des Mormons ; il faut aller à Cannes pour cela.

Adieu encore.

CXCI

Paris, 24 mars 1859.

Étiez-vous libre aujourd’hui ? J’ai la douleur