Page:Mérimée - Dernières nouvelles de Prosper Mérimée, 1874.djvu/350

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n’en pousse de pareils qu’en Amérique, et vous auriez beau en semer la graine ici, elle ne produirait rien.

» Mon cousin, sans dire un mot de plus à l’apothicaire, s’en va droit chez la Ferrer :

» — Paca, dit-il en entrant, tu es une sorcière.

» L’autre de se récrier et de dire :

» — Jésus, Jésus !

» — La preuve que tu es sorcière, c’est que tu vas en Amérique et que tu en reviens en une nuit. J’y suis allé avec toi cette nuit, et en voici la preuve. Tiens, voici des roseaux que j’ai cueillis là-bas.

Vicente, qui m’avait conté tout ce qui précède d’une voix émue et avec beaucoup de chaleur, étendit alors la main vers moi, accompagnant son récit d’une pantomime convenable, et me présenta une poignée d’herbe