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L’INSPECTEUR GÉNÉRAL.

et de son argent… on n’en voit pas un kopek. Voilà ce qu’il me dit, et moi, cela me donna à penser. — Dites donc, que je dis à Pëtr Ivanovitch…

Dobtchinski.

Non, Pëtr Ivanovitch, c’est moi qui vous ai dit : dites donc…

Bobtchinski.

Oui, d’abord vous m’avez dit : dites donc ; mais après moi, j’ai dit à Pëtr Ivanovitch ; À propos de quoi donc, que je dis, reste-t-il ici, puisqu’il s’en va dans le gouvernement de Saratof ? — Oui… et c’est un employé du gouvernement.

Le Gouverneur.

Comment ? un employé !

Bobtchinski.

L’employé, dont on vous a annoncé l’arrivée… l’inspecteur général.

Le Gouverneur, effrayé.

Comment ! Le bon Dieu vous bénisse ! C’est impossible !

Dobtchinski.

C’est lui. Il ne paie rien ; il ne s’en va pas. Qu’est-ce donc que ce serait ? Son passe-port est visé pour Saratof.

Bobtchinski.

C’est lui, sur mon honneur, c’est lui… C’est qu’il remarque tout… Il regardait ; rien ne lui échappait… Il a vu que nous mangions du saumon, Pëtr Ivanovitch et moi, d’autant plus que Pëtr Ivanovitch, à cause de son estomac… oui… Il a jeté un regard dans nos assiettes… Il m’a fait peur.

Le Gouverneur.

Ah ! Seigneur Dieu, ayez pitié de nous pauvres pécheurs ! Où est-il ?

Dobtchinski.

No 5, sous l’escalier,