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L’INSPECTEUR GÉNÉRAL

à ce déjeuner la tête m’en tinte encore. Ma foi. il y a moyen de passer le temps agréablement dans ce pays-ci. Moi, j’aime les bonnes gens, et j’aime à être traité de tout cœur plutôt que par intérêt. Et puis la fille du gouverneur n’est pas mal, et la maman est si bien conservée, qu’on pourrait… Non, je ne sais pas, moi, j’aime cette vie-là.



Scène III.

KHLESTAKOF, LE JUGE.
Le Juge, à part, en entrant.

Mon Dieu ! mon Dieu ! fais que je réussisse ! mes genoux fléchissent sous moi (Haut, après avoir salué, et se redressant dans une attitude officielle :) Permettez-moi de prendre la liberté de vous présenter l’hommage de mon respect. Je suis le juge du district, l’assesseur de collège Liapkine-Tiapkine.

Khlestakof.

Veuillez vous asseoir. Ah ! vous êtes le juge d’ici ?

Le Juge.

Depuis 1816. J’ai été délégué pour trois ans par la noblesse, et depuis lors j’ai été maintenu dans cet emploi.

Khlestakof.

Est-ce une bonne place que d’être juge ?

Le Juge.

Après avoir été délégué trois fois pour trois ans, j’ai été décoré de l’ordre de Saint-Vladimir de quatrième classe, et j’ai reçu les félicitations du gouvernement. (À part.) J’ai l’argent dans ma main ; il me semble tenir des charbons.