Page:Mérimée - Les deux héritages, suivi de L'inspecteur général, 1892.djvu/220

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
212
L’INSPECTEUR GÉNÉRAL

de semblables fonctions. Il n’y a pas de pire jacobin, et il inculque à la jeunesse des principes si détestables que vous ne sauriez vous le figurer. Si vous le commandiez, je mettrais tout cela par écrit.

Khlestakof.

Mettez, mettez. Ce me sera très-agréable. C’est que j’aime, voyez-vous, quand on s’ennuie, à lire quelque chose d’amusant… Comment vous appelez-vous donc ? Je ne me rappelle plus.

L’Administrateur.

Zemlianika.

Khlestakof.

Ah ! oui, Zemlianika. Et, dites-moi, avez-vous des enfants ?

L’Administrateur.

Pour vous servir. Cinq, dont deux déjà grands.

Khlestakof.

Bah ! déjà grands ! Et comment… est-ce que…

L’Administrateur.

Vous désirez savoir leurs noms, peut-être ?

Khlestakof.

Ah ! oui, comment les appelez-vous ?

L’Administrateur.

Nicolas, Ivan, Élisabeth, Maria et Perpétue.

Khlestakof.

Fort bien.

L’Administrateur.

Je n’ose abuser plus longtemps des instants consacrés à de saints devoirs… (Il salue et se dirige vers la porte.)

Khlestakof, le reconduisant.

Non, pas du tout. C’est bien drôle tout ce que vous m’avez dit. Et s’il vous plaît dans un autre temps… Ah ! cela me ravit. (Il revient, ouvre la porte et le rappelle.) Eh ! dites donc… comment… ma foi, je l’ai oublié… Dites-moi donc votre nom et celui de votre père.