Page:Mérimée - Les deux héritages, suivi de L'inspecteur général, 1892.djvu/233

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
225
L’INSPECTEUR GÉNÉRAL.

Deuxième Femme.

C’est contre le gouverneur, mon petit père, que je viens…

Khlestakof.

Qu’est-ce qu’il a fait ? Parle en peu de mots.

Deuxième Femme.

C’est le fouet, mon petit père.

Khlestakof.

Comment cela ?

Deuxième Femme.

Par erreur, mon père. Nos femmes se sont querellées sur le marché. La police est venue un peu tard ; elle m’a empoignée, et on m’a fait un rapport, que j’ai été deux jours sans pouvoir m’asseoir.

Khlestakof.

Et que peut-on faire à cela ?

Deuxième Femme.

On n’y peut rien faire. Mais pour l’erreur, on pourrait lui faire payer une indemnité. Je ne la refuserai pas, et un peu d’argent me ferait grand bien pour le moment.

Khlestakof.

C’est bien, c’est bien. J’arrangerai cela. (Des mains paraissent à la fenêtre avec des pétitions.) Encore ! (À la fenêtre.) Je ne puis pas ! je ne puis pas ! impossible ! Ils m’ennuient à la fin. Que le diable les emporte ! Ne laisse entrer personne, Osip.

Osip

Allez-vous-en, allez-vous-en. On n’a pas le temps. Revenez demain.

(La porte s’ouvre, et l’on aperçoit une figure en houppelande d’hôpital, barbe longue, les lèvres enflées et les joues enveloppées. Derrière, quelques autres paraissent dans le second plan.)

Osip.

Dehors ! dehors ! On n’entre pas. (Il appuie les mains sur