Page:Mérimée - Théâtre de Clara Gazul, 1857.djvu/93

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RAFAEL, entrant et se signant. — Vive Jésus ! que vois-je ?

ANTONIO - Rafael !

RAFAEL - Scélérat ! c’est donc ainsi que tu profanes la croix que tu portes ?

ANTONIO - Seigneur Rafael, je ne suis plus prêtre, je suis l’époux de Mariquita… Bénissez notre mariage… mariez-nous. (Il se met à genoux).

RAFAEL - La malédiction de Dieu sur ta tête !

ANTONIO, le prenant au collet. — Marie-moi, ou je te tue ! (Ils luttent quelque temps. Antonio renverse Rafael ; celui-ci tire un poignard).

MARIQUITA - Prends garde à toi, l’innocent !

ANTONIO lui arrache le poignard. — Tiens, maudit ! (Il le frappe).

RAFAEL - Ha !… je suis mort ! et le diable m’attend !… Antonio, tu es plus fin… que moi… Qui l’eût dit !…. Va, je te pardonne pour la ruse, et puis… parce que je ne suis pas…. me venger… Adieu… je vais commander la chaudière… En attendant…. jouis de ton reste… Domingo… je l’ai enfermé… j’ai écarté les surveillants… mais tu m’as prévenu… Tu n’es pas si bête… que je l’avais…

ANTONIO, atterré. — Tu ne dis pas tes prières ?

RAFAEL, riant. — Mes prières !… ha, ha, ha !… m’y voilà. (Il meurt).

MARIQUITA - Je vais prendre sa robe, et nous passerons sans être reconnus.

ANTONIO - En une heure je suis devenu fornicateur, parjure, assassin.

MARIQUITA - En voyant cette fin tragique, vous direz, je crois, avec nous qu’UNE FEMME EST UN DIABLE.

ANTONIO - C’est ainsi que finit la première partie de la TENTATION DE SAINT ANTOINE. Excusez les fautes de l’auteur.