Page:Méry - La guerre du Nizam, Hachette, 1859.djvu/62

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avait enfin compris que la guerre sainte se rallumait de Golconde au Mysore, et que les ténèbres de cette nuit devaient couvrir des sacrifices humains et de mystérieux assassinats.

« Sir Edward, dit le colonel, miss Arinda n’a rien de secret à me dire. Hélas ! je ne suis pas encore arrivé à ce degré d’intimité qui fait des confidences à la clarté des étoiles. Vous auriez pu écouter tout ce que nous avons dit.

— Colonel, dit sir Edward, j’ai poussé mon cheval sur la lisière de la route, pourvoir un instant les ruines de cette pagode : la nuit, elles sont d’un effet superbe.

— L’an dernier, sir Edward, ces ruines étaient un nid de Taugs.

— Vous savez, colonel, que les oiseaux carnassiers du Bengale retournent à leurs anciens nids.

— Mon cheval n’a pas donné un signe d’inquiétude ; ses oreilles flottent sur la crinière. Mon cheval flaire les Taugs d’une lieue.

— En votre absence, colonel, votre cheval s’est fait Taug, j’en suis sûr.

— Auriez-vous vu quelque tête chauve de ce côté, sir Edward ?

— Oui. »

Ce oui fut accompagné d’un sourire charmant qui aurait donné tous les frissons de terreur à un officier moins intrépide que le colonel Douglas. Un monosyllabe banal, soutenu par un sourire, peut donc devenir formidable selon la situation.

« Colonel, dit Edward avec un ton de voix et un visage grave, vous avez beaucoup de monde au poste de Mundesur ?

— Cinquante soldats commandés par le brave capitaine Reynolds.